• Privatisation d'ADP : Pourquoi l'État cède-t-il ses "bijoux de famille" ?

    La cessation d’ADP (Aéroports De Paris) est prévue dans la loi PACTE (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) qui comporte de nombreuses mesures qui visent à simplifier les procédures de création des entreprises, de liquidation judiciaire, à réduire certaines charges pesant sur les PME dans le but de stimuler l’activité économique et l’emploi. Le groupe ADP gère notamment les aéroports de Paris-Charles-De-Gaulle, d’Orly et du Bourget. L’État détient actuellement 50.6% des parts de l’entreprise qui demeure une des principales entreprises publiques françaises. 

     Pourquoi privatiser le groupe ADP ? 

    La décision de privatiser le groupe ADP (on parle d’ailleurs plutôt d’une concession sur une durée de 70 ans) peut paraître étrange : le chiffre d’affaire du groupe s’élevait à 4,47 milliards d’euros en 2018. Les profits réalisés par une entreprise publique alimentent les recettes de l’État. Toutefois, le ministre de l’économie Bruno Le Maire, à l’origine du projet de loi PACTE, avance des arguments stratégiques. La vente des parts d’ADP permettrait à l’État d’alléger la dette publique de 0.5 points et d’alimenter un fond qui favoriserait l’innovation des entreprises. 

    Quels sont les risques de cette privatisation ? 

    La privatisation d’ADP présenterait des risques. En réalité, tout dépend si l’on considère que le groupe ADP constitue un monopole naturel. Un monopole est une situation de marché qui présente un seul vendeur pour une multitude d’acheteurs. Le monopole est dit naturel lorsqu’il est préférable que l’activité soit prise en charge par un seul acteur, en raison notamment des coûts fixes importants. Le monopole naturel concerne principalement les activités de réseaux (aéroportuaires, de transport ferroviaire, d’énergie…). Dans la théorie économique, il est plus efficace qu’un monopole naturel soit confié à l’État. Un acteur privé serait en effet tenté d’augmenter exagérément les prix au détriment du consommateur, puisqu’il est libre de les fixer, n’ayant pas à subir la concurrence. 

    Il y a débat sur cette question. Pour les défenseurs de la privatisation, le groupe ADP ne constitue pas un monopole naturel, puisque les aéroports parisiens seraient en concurrence avec les principaux aéroports européens. Pour les opposants à la privatisation au contraire, ADP est bien un monopole, comme en témoigne le fait que 80% des voyageurs étrangers en France transitent par les aéroports du groupe… 

     Vers un "État stratège" ? 

    Si le débat économique existe, la privatisation d’ADP symbolise le retrait de plus en plus affirmé de l’État des activités économiques. Elle s’inscrit à la suite de nombreuses privatisations depuis les années 1980, dont la dernière en date est la Française Des Jeux. On parle aujourd’hui d’ « État stratège », ou d’ « État régulateur » pour désigner un État qui se désengage de la sphère économique pour se recentrer sur ses activités « essentielles » que sont les services publics, les activités régaliennes… 

     

    *Lexique : 

     PME = Petites et moyennes entreprises. Ce sont les entreprises qui comptabilisent entre 10 et 250 salariés. 

     entreprise publique = entreprise qui est détenue à plus de 50% par l’État. 

     dette publique = somme des déficits accumulés par les administrations publiques (APU). Rappel : le déficit est la situation dans laquelle les dépenses d’une administration sont supérieures à ses recettes au terme d'une année. 


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